Les travailleurs de RFI sont entrés mardi dans leur neuvième semaine de grève. Ils luttent non seulement contre un plan de restructuration qui prévoit 206 licenciements (sur le millier de salariés que compte RFI) mais surtout contre le démantèlement à brève échéance de leur station – avec notamment la fermeture de six rédactions de langues étrangères. Il s’agit du mouvement le plus long dans l’audiovisuel depuis 1968, ce qui suffit à marquer son caractère historique.
La combativité des salariés de RFI n’a d’égale que l’arrogance d’une direction qui s’appuie sur des arguments financiers dont l’intersyndicale FO, SNJ, SNJ-CGT et SNRT-CGT de RFI (majoritaire au comité d’entreprise) a montré qu’ils ne valaient rien – ce qu’un cabinet d’experts-comptables, missionné par le CE, a d’ailleurs confirmé.
Malgré une grève qui bloque jusqu’à 85% de l’antenne, la direction refuse toujours de négocier sur les revendications portées par le mouvement de grève. Cette intransigeance va jusqu’au refus de la nomination d’un médiateur, réclamée depuis 6 semaines par les salariés de RFI. Les travailleurs de RFI ont pourtant raison de rappeler qu’en l’espèce c’est l’Etat qui licencie, ce même Etat qui donne des milliards aux banques et aux multinationales, et prétend que les caisses sont vides dès lors qu’il s’agit des services publics, des emplois et des salaires.
Ce plan de licenciements s’inscrit dans l’ensemble des attaques dont est victime le service public d’information (et plus largement l’ensemble des services publics, de la Poste à la santé en passant par l’Education nationale). Rappelons simplement que France Télévision vient d’annoncer 900 licenciements étalés sur 3 ans, que l’UMP fait planer depuis près de 2 ans la menace d’une privatisation de l’Agence France-Presse (AFP), et que le président de la République a – depuis mars 2009 – la possibilité de nommer directement le président de France Télévision et de Radio France.
Enfin, cette attaque en règle contre RFI a beaucoup à voir avec la création de la holding Audiovisuel Extérieur de la France (AEF), dans le cadre de la loi de « modernisation de l’audiovisuel public », dont RFI est l’une des principales filiales avec France 24 et TV5 Monde. Christine Ockrent a été nommée directrice générale de l’AEF en février 2009, la tutelle étant assurée par son mari, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Les syndicats de journalistes et les salariés de RFI avaient protesté à juste titre contre un mélange des genres qui en dit long sur la volonté de la classe dirigeante de renforcer son contrôle sur les médias.
Le NPA s’élève contre toute ingérence et toute reprise en main de RFI par l’Etat français, ce que l’ampleur du traitement accordé à la mort d’Omar Bongo laisse craindre. Comme l’a noté l’intersyndicale : « après avoir refusé pendant des décennies d’être la voix de la France, acceptons-nous d’être aujourd’hui la voix de la Françafrique ? Qu’avons-nous enterré ce mardi ? Omar Bongo ou l’ambition d’une radio généraliste et universaliste qui parle au monde de la France et du monde ? ».
Outre une manifestation le mardi 16 juin en direction de l’Elysée (avec d’ailleurs d’autres salariés de l’audiovisuel public), les travailleurs de RFI ont créé, le mercredi 24 juin de 12h à 19h, « la 1ère radio de salariés en lutte », une radio « éphémère et autonome » donnant la parole aux grévistes. Cette résistance exemplaire est une très bonne nouvelle et le NPA les soutient pleinement dans leur lutte.
23 juin 2009.
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